Nous avons acheté un petit terrain agricole (3000 mètres), délaissé depuis longtemps, avec l’idée de l’aménager pour nos plantations de potager et verger bio. Le terrain se trouve en Ligurie, région italienne limitrophe des Alpes Maritimes, et le terrain est assez semblable à ce que l’on peut trouver en France de l’autre côté de la frontière. Il est situé à 400 mètres d’altitude et est en pente avec de nombreuses terrasses séparées par des murs en pierres sèches.
- Le constat
Les plantes adventices se composaient essentiellement de ronces et de lierre, qui avaient envahi totalement le terrain mais aussi les murets . Ces plantes sont les précurseurs de la forêt (ce qui est logique car nous sommes en bordure d’un bois), d’ailleurs quelques arbres comme des châtaigners ou des robinia avaient également commencé à coloniser le terrain. Des sapins avaient été plantés autour de la maisonnette posée au milieu de notre petite campagne, pour lui donner une ambiance alpine peut-être, mais en contradiction assez flagrante avec la végétation locale. Les quelques arbres fruitiers qui étaient encore présents étaient pour la plupart recouverts de ronces et bien affectés par toutes sortes de maladies, telles que la gommose et la moniliose pour les cerisiers, ou le carpocapse pour les pommiers.
La terre était pauvre, délavée par les pluies, dure, plutôt argileuse, acide autour des sapins, plutôt neutre ailleurs. D’un côté du terrain coule un ruisseau, ce qui donne de l’humidité, la forêt ombrage certains côtés. L’exposition est de type sud-est, favorisant le soleil le matin.
Enfin, on accède au terrain par un sentier de randonnée pittoresque mais non carrossable, ce qui nous a posé de nombreux problèmes.

Autant dire que nous n’avons pas choisi la facilité!
2. Premières étapes
Pour ne pas utiliser de désherbant, et au vu de la hauteur des ronces, la première étape a été d’acheter une bonne débroussailleuse, pour couper un maximum de végétation; ensuite de recouvrir autant que possible le terrain de cartons (et même de toiles de laine – mais les cartons ont l’avantage d’être gratuits et légers à déplacer). Les cartons empêchent la lumière de passer et bloquent la photosynthèse, ils affaiblissent donc les ronces mais sans les éliminer. En effet, les cartons vont se désagréger naturellement au bout de quelques mois. Néanmoins, au bout de 2 à 3 passages de débroussailleuse, les ronces ont commencé à diminuer sérieusement.
Des sécateurs ont été indispensables pour couper ronces et lierre qui envahissaient les murs. Le lierre est décoratif mais il a la fâcheuse tendance de s’infiltrer entre les pierres ce qui casse les murets, et entraîne des affaissements de terrain. D’ailleurs des réparations de murs ont été nécessaires.
Nous avons coupé la plupart des sapins dont certains se couchaient sur la maison, et les arbres trop malades ou envahissants.
Enfin, nous avons posé autour du terrain des grilles métalliques de protection car les sangliers ravagent les alentours. Comble du luxe, nous avons peint ces grilles avec de l’anti-rouille.

3. Amélioration de la terre
Nous espérions ensuite pouvoir passer à l’étape plantation, mais c’était encore trop tôt. Les ronces et certains arbres avaient développé un système racinaire très étendu empêchant de planter quoi que ce soit. Nos premières pommes de terre n’ont pas pu se développer dans cette terre. D’autre part, il était impossible d’amener de la « bonne terre » sur place, car il en aurait fallu de grandes quantités impossibles à amener par le sentier. Il a donc fallu se décider à retirer les racines. Un voisin compatissant nous a monté un petit motoculteur, ce qui nous a permis de travailler profondément une terrasse (sur les dix de notre propriété). Mais le dos bloqué de notre ami, après avoir monté cet instrument, nous a dissuadés de le solliciter une autre fois. Pour les autres terrains, nous avons donc dû utiliser la houe pour casser les racines , la grelinette pour soulever et aérer un peu la terre aussi.
Sur ces entrefaites, nous avons amendé la terre de la façon suivante: nous avons acheté du basalte (très peu suffit), et l’avons mélangé à la terre destinée au potager, pour l’alléger; dans les autres parcelles, nous avons planté du trèfle et de la phacélie qui sont des engrais verts et qui occupent utilement le terrain à la place des ronces.

Nous avons également commencé un compost avec les déchets verts ménagers et agricoles. Cependant, notre production de déchets est limitée, et d’autre part, il faut bien attendre un an pour la maturation du compost. C’est donc une solution très intéressante mais utilisable à moyen terme; au bout d’un an, nous avons quand-même pu utiliser notre compost pour nos cultures. Nous sommes convaincus et constituons un autre tas de compost.
4. Apports en eau
Sur place se trouvaient déjà deux très grandes citernes de plusieurs dizaines de milliers de litres d’eau. A l’époque, de l’eau avait été amenée à partir de certaines sources pour les alimenter. Désormais, aussi bien les dégâts aux canalisations existantes que les nouvelles réglementations interdisant le captage de l’eau, nous ont poussés à trouver une alternative. La gouttière du toit de notre maisonnette (environ 40 m2) a été déversée dans un grand récipient, où se trouve une pompe, qui envoie l’eau dans l’une ou l’autre des citernes. Ce système est très performant. En effet, 1 mm de pluviométrie correspond à 1 litre d’eau pour 1 m2 de toit. Pour des précipitations annuelles d’environ 800 mm, cela nous fait donc 800*40, soit environ 32000 litres d’eau. Cela se révèle largement suffisant, en effet, d’une part, l’arrosage n’est nécessaire qu’environ trois à quatre mois par an; d’autre part, la totalité de notre surface n’est pas cultivée.

5. Autarcie
Du fait de nos difficultés d’accès, nous avons dû privilégier les solutions autonomes. Le compost est fait maison, le paillis aussi. Les ronces et autres branches de végétation, passés au broyeur, nous donnent de grandes quantités de paillage, qui nous permettent de recouvrir nos plantes et limiter les apports en eau. Nous avons trouvé de vastes étendues de prêle dans les champs près du ruisseau. La décoction de prêle est un excellent fongicide à brumiser sur nos plantes. Nous récupérons également de vieilles pierres pour les murets, et de vieux tuyaux métalliques pour en faire des poteaux dans les cultures.

6.Conclusion
De grands efforts ont été nécessaires pour aménager notre terrain, mais il semble finalement prêt à accueillir nos cultures.
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